Silvain Pastor : ""On assiste à un coup de force de la direction d'EELV""



Silvain Pastor, ancien conseiller régional écologiste de  Languedoc Roussillon, à l'origine de la plainte contre la direction d'EELV.

Silvain Pastor, ex élu régional écologiste de Languedoc Roussilon, est à l'origine de la condamnation d'EELV par le TGI de Paris pour non-respect des statuts. Dans un entretien au Monde.fr, il dénonce les méthodes bulldozer de Cécile Duflot et de Jean-Vincent Placé.


Vous êtes à l'origine du recours déposé au TGI de Paris contre EELV. La justice vous a donné raison, mais le conseil fédéral du parti vient d'opter à nouveau pour ce scénario, pourtant invalidé par la justice...

Silvain Pastor : On assiste à un coup de force de la majorité qui s'affranchit de nos règles, de tous nos principes. Je rappelle que nous avons toujours défendu la proportionnelle, et plaidé pour la défense des minorités. C'est ça, le logiciel des écologistes. Résultat : nous, qui sommes la minorité du parti, mais qui avons tout de même obtenu 26 % des voix, nous retrouvons piétinés et humiliés. Quand on prend pour candidate Eva Joly, ancienne magistrate, que l'on fait l'essentiel de sa campagne sur l'exemplarité, et qu'on méprise la loi, je trouve ça assez piquant comme situation.

Avez vous engagé le dialogue avec la direction du mouvement ?

Non, parce que j'ai en face de moi un bulldozer, qui avance... pour aller dans le mur. Les dirigeants de ce parti s'enfoncent sans vouloir discuter avec qui que ce soit, dans une logique de dépendance toujours plus grande par rapport au PS, alors que nous devrions, en cette période de législatives, cultiver nos différences.

Comment en est on arrivé là, à ce refus de se conformer aux statuts ?

Cécile Duflot et Jean-Vincent Placé ont mis en place au sein de ce parti un système qu'il faut bien qualifier de clientéliste. Ce clientélisme effréné leur permet de conserver le pouvoir. Ils en ont promis, des investitures... C'est la raison pour laquelle ils ne veulent en aucun cas redistribuer les circonscriptions. Ces places, ils souhaitent les conserver pour leurs affidés.

Que comptez vous faire sur le plan judiciaire ?

Continuer. Nous allons d'abord faire constater par le TGI de Paris la non-exécution de sa décision, rendue publique le 4 mai. Ensuite, nous allons demander à la justice que les candidats investis ne puissent utiliser les moyens du parti, dont son logo, pour faire campagne, ni se prévaloir de son investiture. Nous conservons la possibilité, après coup, de faire annuler les éventuelles élections en cas de non-respect de ces interdictions.
Fallait-il vraiment en arriver là ? Les négociations entre camarades étaient elles vraiment hors de portée ?

Nous avons, nous minoritaires, toujours été du côté de la raison. Avant de porter l'affaire sur la place publique, nous avons plaidé notre cause devant le conseil statutaire, l'organe du parti chargé de résoudre ce genre de conflits. Le conseil statutaire nous a donné raison, mais la direction a passé outre. Nous avons alors saisi la justice. A l'issue de la décision du TGI de Paris, nous étions en droit d'exiger pour notre courant dix circonscriptions supplémentaires. Nous en avons réclamé simplement trois. Mais, visiblement, c'était encore trop ! Alors, qu'on ne nous fasse pas de procès en irresponsabilité !