L’entre-deux-tours des deux candidats se situe dans la
continuité de leur campagne. Si le ton se durcit, le fond change peu et
surtout chacun fait son numéro de drague pour récupérer le maximum
d’électeurs pour le 6 mai.
La palme du dégoût revenant sans hésitation à un Sarkozy assumant sans vergogne sa tentative de débauchage des électeurs du Front national. Une raison de plus de le mettre à la porte ce dimanche.
La palme du dégoût revenant sans hésitation à un Sarkozy assumant sans vergogne sa tentative de débauchage des électeurs du Front national. Une raison de plus de le mettre à la porte ce dimanche.
Avec 27 % des voix
seulement, le président des riches a pris une première bonne claque le
22 avril. Mais il ne baisse pas les bras et semble prêt à tout pour
conserver le pouvoir. Rattrapé par les affaires, Sarkozy aux abois se
tourne sans vergogne vers l’extrême droite.
Le président de la droite extrême doit être giclé !
Celui
qui dit comprendre le message des électeurs de Le Pen « tire la même
leçon qu’eux ». Le grand retour de l’identité nationale, les frontières
qui protègent, la défense des « sans-grade » (les mêmes mots que ceux
utilisés par Le Pen dans l’entre-deux-tours de 2002...), rien ne manque
de la panoplie réactionnaire dans le discours de Sarkozy et de ses
lieutenants depuis quelques jours. Jusqu’à la stigmatisation des privés
d’emploi en s’autoproclamant pourfendeur de l’assistanat et
porte-parole de ces « travailleurs qui ne veulent pas que ceux qui ne
travaillent pas gagnent plus qu’eux ». Jusqu’à l’appel à un
contre-rassemblement le 1er Mai, jour de mobilisation internationale du
monde du travail. Il ne lui reste plus qu’à aller célébrer ce jour-là
la figure de la « France éternelle », Jeanne d’Arc, et le président
sera mûr pour prendre sa carte au Front national.
Cette fuite en
avant ne s’explique pas seulement par l’habituelle chasse aux voix
politicienne, mais montre aussi de façon de plus en plus claire la
porosité des frontières entre les idées de la droite et de l’extrême
droite, les unes nourrissant les autres. Aussi, dimanche, sans
hésitation, il faudra dégager Sarkozy dont le programme reste plus que
jamais une menace.
S’opposer à la gauche des institutions
On
ne peut pas dire que Hollande ait montré dans sa campagne une volonté
de se situer sur le terrain de la gauche. Même avec une pression
sondagière importante de Mélenchon, il ne s’est autorisé qu’une maigre
sortie sur l’imposition des plus riches, s’en excusant presque. Et
depuis quelques jours, rien de neuf sous le soleil. S’il s’oppose par
le ton à une droite de plus en plus outrancière, son regard reste
surtout tourné vers Bayrou, à qui il s’est empressé de répondre pour
montrer les convergences existantes avec le programme du Modem.
Équilibre budgétaire, « effort maîtrisé », importance du Made in
France... Autant de gages donnés à un candidat de droite bien étranger
au monde du travail et aux milieux populaires.
Et comme si cela ne
suffisait pas, Hollande reçoit maintenant le soutien indirect de Mario
Draghi himself, président de la toute puissante Banque centrale
européenne. Celui-ci propose un « pacte de croissance » pour compléter
le « pacte de discipline budgétaire » signé il y a quelques mois. Une
façon de mieux faire passer la pilule de l’austérité européenne à
laquelle Hollande fait mine de s’opposer.
Nous ne devons donc faire aucune confiance au candidat de rechange pour améliorer le sort des opprimés.
Riposte unitaire, rassemblement des anticapitalistes
Comme
nous l’avons fait ces dernières semaines, le NPA lance un appel. Nous
nous adressons à celles et ceux qui se sont reconnuEs dans notre
campagne, aux organisations et à celles et ceux qui se sont retrouvéEs
dans les campagnes du Front de Gauche ou de Lutte ouvrière, aux
militantEs syndicalistes et du mouvement social. Dans le sillage du 1er
Mai, préparons dès à présent la riposte dont nous avons besoin pour
défendre nos intérêts. C’est aussi cela qu’attendent les millions de
personnes qui ont porté leurs suffrages sur les candidatures à la gauche
du PS, et nous savons bien que pour cela le NPA seul n’y suffira pas.
Dans cette opposition aux politiques d’austérité de droite aujourd’hui
et peut-être de gauche demain, il faut aussi trouver les voies pour
avancer dans le regroupement des anticapitalistes, aujourd’hui
éparpillés dans différentes forces politiques et dans le mouvement
social. Le NPA reste un outil irremplaçable pour agir en ce sens.
Ensemble, ces prochaines semaines, faisons vivre une force anticapitaliste indépendante !
Philippe Poutou
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