Ce sont les artifices du système majoritaire : au second tour, toutes
les nuances exprimées par le corps électoral s’estompent. Les cartes
deviennent rouges ou bleues avec plus ou moins d’intensité en fonction
du résultat.
Que dire donc du “Midi rouge” après le second tour de cette présidentielle où Hollande a terminé en tête avec 51,15 % ? Qu’il est redevenu rouge sous l’effet de l’alternance, retournant ainsi à ses vieilles amours ? Qu’il serait même plus à gauche que par le passé avec le basculement des P-O, avec un vote socialiste qui s’amplifie en Lozère où son candidat talonne Sarkozy à 45 voix ?
Que si le Gard est resté acquis au président battu, ce n’est pas la faute du bassin minier d’Alès
où le rouge de l’opinion s’est, une fois de plus, combiné au noir du
charbon ? On pourrait dire tout cela en oubliant les nuances, en
oubliant le vote d’extrême droite qui, régulièrement, modifie la donne.
Le vote FN a joué un rôle
Il y a eu, dimanche, un gagnant et un perdant, c’est la loi de la
présidentielle mais ce vote frontiste, “mariniste” comme préfère le
qualifier la fille Le Pen, n’a pas été sans incidence sur le résultat
final.
D’Argelès à Beaucaire, en Petite Camargue, le long du Rhône, dans les
lotissements tentaculaires au sud de l’autoroute, partout où le FN s’est
solidement ancré, captant une part du vote populaire, il fait ou défait
les rois républicains. Il avait sacré Sarkozy en 2007, il l’a déposé
cette fois. On dit son électorat protestataire, il est idéologique.
Dans des fiefs de gauche où il s’est développé, il a réduit Hollande à
une majorité étriquée. Dans les villes où il avait atteint le quart de
l’électorat, le 22 avril (Béziers, Sète, Bagnols), il s’est replié sur
Sarkozy, non sans le priver de sa confortable avance de 2007.
Vote des zones périurbaines, il est mal à l’aise dans les grandes
agglomérations. Ainsi, dans l’Hérault, le contraste est saisissant entre
Montpellier et le reste du territoire. S’il n’y avait eu ces suffrages
massifs de la capitale régionale pour Hollande (62,38 %), Sarkozy aurait
pris la main dans le département : 15 000 voix de retard que lui a
refusé l’électorat FN ? Plus qu’une nuance dans le “Midi rouge”.