Cette édition 2012 du 1er Mai a rassemblé des centaines de milliers de manifestantEs pour en faire le plus massif depuis 2002.
Face
à la provocation de Sarkozy, sa nouvelle imposture qui, pour reprendre
les propos de la CGT, n’avait « d’autre objectif que de diviser les
salariés et de stigmatiser leurs organisations syndicales », ce 1er Mai
d’entre les deux tours de l’élection présidentielle revêtait une
importance et une signification particulières : affirmer la volonté de
virer Sarkozy et l’indépendance du monde du travail, la lutte contre
l’austérité qu’elle soit de droite ou de gauche.
À travers tout le pays, à l’unisson avec les manifestations,
rassemblements, meetings qui, de par le monde, affirmaient la solidarité
internationale des travailleurs, 289 défilés ont rassemblé des
dizaines de milliers de travailleurEs, de jeunes, de toutes origines,
de toutes nationalités, autant de réponses vivantes, colorées,
chaleureuses, combatives aux impostures chauvines et haineuses de la
droite et de l’extrême droite. À Paris, la manifestation a eu bien du
mal à démarrer vu le monde alors que dans la plupart des villes, la
participation était notoirement plus importante que d’habitude. Sans
doute le plus gros 1er Mai depuis 2002. Le monde du travail a démontré
sa force bien que les directions des grandes confédérations aient été
plutôt mal à l’aise devant la signification politique prise par ce 1er
Mai.
Ladite indépendance syndicale tant vantée par la droite ne serait
pourtant qu’une hypocrite neutralité bien à l’image du prétendu dialogue
social. La CFDT s’inquiète « d’entendre des responsables politiques
s’autodésigner uniques représentants des travailleurs en voulant
détourner l’objet du 1er Mai ». « Le président de la République nous a
mis dans l’embarras, on est tombé dans un piège, dont on ne sait pas
comment sortir. C’est bien joué politiquement, car il crée, sur la
forme, une belle division syndicale à quelques jours du second tour.
Mais c’est très dangereux pour l’avenir du dialogue social si jamais,
car il ne faut pas l’exclure, il était réélu le 6 mai » ! Quant à
Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, fustige le « marketing
politique ». « On est dans la récupération politique », beau prétexte
pour s’abstenir de..manifester !
TouTEs les travailleurEs ont des raisons de régler leurs comptes avec
ce gouvernement ne serait-ce qu’à cause de la réforme des retraites
qu’il a imposée contre la mobilisation de l’immense majorité de la
classe ouvrière. Et tous ont aussi bien des raisons de dire, par
avance, qu’ils refuseront toute austérité de droite comme de gauche.
C’est ce que devraient dire les directions syndicales plutôt que de
tourner autour du pot.
Dans sa déclaration du 16 avril pour un 1er Mai unitaire,
l’intersyndicale CGT-CFDT-Unsa-FSU-Solidaires ferme les yeux sur la
présidentielle sans pour autant tracer de perspectives de lutte et de
mobilisation précises et claires. Elle formule des « priorités
sociales » au nom du « progrès social » et d’une « Europe solidaire »
qui restent dans le flou. Une véritable indépendance syndicale
signifierait formuler clairement les exigences du monde du travail,
liquider un gouvernement antiouvrier, refuser l’austérité quel que soit
le gouvernement en place demain, y compris développer un plan pour
sortir de la crise.
L’indépendance syndicale, c’est l’indépendance vis-à-vis de l’État et
des classes dominantes, pas vis-à-vis de la politique. « La tentation
de dire le 1er Mai, à travers les défilés, qu’il faut battre Sarkozy
sera très forte, y compris dans nos rangs », déclarait un dirigeant de
la CFDT. Comment s’en étonner ? Et surtout comment le craindre ? La
vraie question est celle des perspectives.
Malgré ces tergiversations, les travailleurEs, les jeunes ont fait de
ce 1er Mai une étape politique. Il indique la route face aux combats
annoncés par l’agressivité de Sarkozy et la perfide démagogie de Le Pen.
La route, c’est la lutte sociale et politique en toute indépendance du
futur gouvernement pour défendre les droits des travailleurEs, tous
ensemble, sans barrière d’origine ou de croyances, ici comme à travers
le monde. Contre les pétainistes de tout poil qui rêvent d’union
nationale, de « Fête du travail et de la Concorde sociale », la lutte
internationale des travailleurs.
Nous n’abandonnons pas le drapeau rouge, « il flotte et fièrement il bouge »...
Yvan Lemaitre
A lire aussi
Fiers d’être internationalistes !
Montpellier. Manif du Premier mai massive (photos)
Des 1er mai....
Fiers d’être internationalistes !
Montpellier. Manif du Premier mai massive (photos)
Des 1er mai....