Claude, militant du NPA explique pourquoi il votera Ph. Poutou ...
Pourquoi je vais
voter Philippe POUTOU.
Ce texte n'est pas un
texte officiel du parti dans lequel je milite (le N.P.A.), que chacun
sait passablement divisé sur la question des présidentielles (ce
parti est traversé de courants, mais aussi - et pour moi surtout -
composé d'individus. C'est à ce titre que je m'exprime ici). Il n'a
pas pour ambition de convaincre quiconque qu'il faut se rallier à
mon opinion : je sais bien que le choix de voter ou de ne pas
voter, ou de voter de telle ou telle manière se fait en fonction
d'un certain nombre de paramètres auxquels les uns et les autres
nous accordons plus ou moins d'importance en fonction de notre
histoire, de nos convictions, de la compréhension qu'on a de la
situation actuelle et de ses enjeux.
Il s'agit simplement,
profitant de l'espace de débats qu'ouvre souvent une séquence
électorale, de présenter l'état actuel de mes réflexions.
La fonction
présidentielle est une institution particulièrement
antidémocratique.
Pendant 5 ans, un
individu va pouvoir, sans avoir de comptes à rendre, faire des choix
et imposer des mesures au nom de l'ensemble d'une population qu'il
est censé représenter dans sa diversité. Le principe lui-même est
une aberration dont il est impossible de présenter de manière
crédible les fondements démocratiques. D'autant qu'une part
importante de la population est privée du simple droit de vote,
qu'il s'agisse de ceux et celles que l'on qualifie d'étrangers ou de
ceux et celles qui se retrouvent condamnés par une justice plus
soucieuse de s'attaquer aux voleurs de scooters et aux opposants
politiques radicaux qu'à ceux qui pillent les richesses communes et
mettent en danger la planète pour défendre leurs intérêts
colossaux.
Pourtant, je vais
voter.
Je pense que les
élections ne sont pas un moyen de changer la société. Et plus
particulièrement les présidentielles (comme aime à le répéter
mon camarade Gégé, il est dit dans un couplet de l'Internationale :
"Il n'est pas de
sauveur suprême, ni dieu, ni césar, ni tribun")...
Ce n'est pas pour autant que je vais m'en désintéresser. D'abord
parce que le résultat va avoir des conséquences lourdes pour
l'avenir (imaginons ce que signifieraient 5 années de plus de
sarkosizme débridé!). Ensuite parce que c'est un moment de plus
grande écoute des projets politiques dans la population. Et enfin
parce que les résultats des uns et des autres, en particulier ceux
qui se situent à gauche du PS vont avoir des conséquences sur la
crédibilité d'une alternative politique et par là même influer
sur le cours des luttes à venir.
Bien sûr, je ne
voterai pas Hollande au 1er tour !
Pas besoin de s'étendre
sur le sujet. Non seulement le PS a depuis longtemps abandonné tout
discours de remise en cause du fonctionnement capitaliste de la
société, mais il s'est dorénavant coulé dans le moule libéral,
ayant durant ses passages au pouvoir largement contribué, entre
autres, à privatiser les services publics.
Alors ?
Mélenchon ?
C'est tentant ! Un
discours anti-libéral porté par une campagne efficace qui a réussi
à enclencher une véritable mobilisation électorale autour d'un
leader charismatique.
Mais justement, moi, les
tribuns... (ni dieu, ni césar...). Sans compter son passé de
sénateur et de ministre de Jospin. Mais bon, ça pourrait être
compensé par les forces politiques qui sont derrière... Et là
encore, ça coince un peu, beaucoup. Quand le NPA a voulu discuter de
l'éventualité d'une candidature commune, rien n'a été possible
parce que l'accord entre le PC et le Parti de Gauche état déjà
scellé, excluant que le candidat ou la candidate soit issu du rang
des animateurs des luttes et prévoyant déjà pour les élections
législatives une répartition des circonscriptions qui permette au
PC de sauver un maximum de sièges. Difficile dans cadre-là de peser
un tant soit peu sur le programme défendu.
Parlons-en, d'ailleurs,
de ce programme. Qu'il s'agisse du nucléaire (un référendum !) ou
des retraites (à 60 ans : très bien. Avec 40 annuités :
moins bien !), tout est fait pour pouvoir discuter avec le PS
dans le cadre d'une nouvelle variante de gauche plurielle dont le
Front de Gauche serait l’aile anti-libérale.
Alors, même si je sais
que nous retrouverons les militants de ces partis dans les luttes à
venir, même si je sais qu'il va falloir, quel que soit le résultat
de ces élections, amener toutes les forces à se rassembler contre
les mesures d'austérité qui vont pleuvoir, je vois bien qu'il est
nécessaire que s'affirme aussi au niveau électoral une force
résolument anticapitaliste.
Nathalie Artaud ?
Voilà, avec Lutte
ouvrière, un parti dont je partage beaucoup de points de vue, qui
dit des choses dans lesquelles je me reconnais. Mais que,
malheureusement, je ne vois pas trop présent dans le cadre des
mobilisations autres que strictement ouvrières. Qu'il s'agisse des
luttes féministes, antinucléaires, contre les lois sécuritaires,
contre la dette, je ne les rencontre pas dans dans les collectifs de
mobilisation.
A mes yeux, une force
résolument anticapitaliste se doit d'être aussi résolument
unitaire et intervenir dans tous les domaines où le capitalisme fait
des ravages.
Que reste-t-il ?
Après ce tour d'horizon,
je n'ai pas besoin de développer pour expliquer que je me reconnais
largement dans ce que défend Philippe Poutou dans le cadre des
élections. J'ai envie, tout simplement, qu'un maximum de voix se
portent sur son nom.
Ce serait le signe que les
mobilisations à venir se développeront sous de bons auspices.
Claude Dubois