Philippe Poutou (NPA) : ses réponses sur l'Education, de l'école à l' Université

Sommaire

L’enseignement Supérieur et la Recherche (ESR) est l’un des grands thèmes de la campagne présidentielle. Sarkozy présente les réformes du secteur comme l’une des principales réussites de son mandat. Pourtant, à deux reprises, les personnels de l’ESR, avec les étudiants, se sont mobilisés contre la politique du gouvernement en 2007 et 2009. Le refus de la « Loi relative aux libertés et responsabilités des universités » (LRU) a été très majoritaire dans le milieu et le gouvernement est passé en force pour accélérer la transformation du milieu universitaire. Le but est bien de soumettre l’ESR aux exigences du marché, ceci au détriment du service public, de la qualité de l’enseignement, de l’indépendance et de la liberté de la recherche. En effet, les attaques contre l’ESR sont à l’image de l’ensemble de la politique du président sortant :
-  L’« autonomie » des établissements (loi LRU) n’est qu’une mise en concurrence, dans un cadre de restriction budgétaire. Elle conduit paradoxalement à la mise sous tutelle de nombreux établissements qui n’arrivent plus à équilibrer leur budget. Cette mise en concurrence est renforcée par le financement des projets scientifiques sur appel d’offre et à court terme.
-  Tout est fait au prétexte de l’« excellence », qui se résume à apparaître dans les classements internationaux de type Shanghai. La « visibilité internationale » semble l’unique objectif du ministère et de son principal relais, la Conférence des présidents d’université. Pour y faire quoi ? L’attribution des financements dits « d’excellence » (Equipex, Labex, Idex) dessine une carte universitaire élitiste qui délaisse des régions entières (par exemple le Grand Ouest).
-  En fait, c’est bien une soumission du secteur aux intérêts privés qui s’opère : financement des recherches ayant un débouché économique immédiat, généralisation des filières professionnalisantes pour les étudiants, pilotage du secteur par le patronat qui a fait son entrée massive dans les conseils d’administrations au détriment des élus personnels et étudiants.
-  L’emploi précaire explose (20% du secteur), pour les personnels administratifs et techniques comme pour les « jeunes » chercheurs, qui enchaînent les CDD souvent bien au-delà de 30 ans. Le nombre d’agents non statutaires a dépassé les 50 000 selon l’intersyndicale de l’ESR et se chiffre continue d’augmenter dans un contexte où l’emploi devient la variable d’ajustement des budgets des universités et des organismes de recherche.
-  La Révision Générale des Politiques Publiques (RGPP) s’applique avec brutalité dans les organismes de recherche (CNRS, INSERM,…). En restructurant les services administratifs, en externalisant certains métiers, la RGPP va entraîner la perte de centaines d’emplois et va dégrader les conditions de travail.
-  Avec la « masterisation », la formation des enseignants du primaire et du secondaire a été détruite, les IUFM démantelés. La situation dans les écoles, les collèges et les lycées s’en trouve dégradée.
-  La circulaire Guéant et plus largement la chasse aux étrangers a mis dans des situations inhumaines des milliers d’étudiants.
Sarkozy parvient pourtant à se vanter d’un tel bilan, quitte à le maquiller. Les mensonges les plus grossiers n’effraient pas le tout nouveau « candidat du peuple ». Virer ce président des riches est une urgence. Suffit-il alors de voter Hollande ? Le candidat socialiste n’entend pas revenir sur les réformes du dernier quinquennat et veut poursuivre les politiques de libéralisation du secteur, au risque de s’affronter avec le monde universitaire qui s’est massivement mobilisé en 2009.
Les initiatives se multiplient pour construire un rapport de force et imposer une autre politique universitaire au prochain gouvernement, quel qu’il soit. Les personnels de la recherche ont manifesté devant le CNRS le 17 février, un appel de l’enseignement supérieur et de la recherche (personnels et étudiants) reçoit 1000 signatures par jour depuis le 23 février (http://appel-enseignement-sup-et-re...). Les « dix principes et objectifs » de cet appel sont très proches de notre programme d’urgence pour l’enseignement supérieur et la recherche (http://www.npa94.org/-Commission-Nationale-Universite-).
Notre programme d’urgence pour l’enseignement supérieur et la recherche :
Contre le néolibéralisme 
-  Abrogation des contre-réformes : LRU et pacte pour la recherche, LMD, Contrat Doctoral Unique et Masterisation
-  Dissolution des agences de mise en concurrence : ANR et AERES
-  Sortie du processus de Bologne et de la stratégie de Lisbonne
-  Pour un grand service public de l’enseignement supérieur et de la recherche, sur tout le territoire, indépendant des intérêts du patronat et des marchés.
Pour les personnels 
-  Un plan de titularisation massif de tous les précaires dans la fonction publique. Dans l’ESR, nous revendiquons l’intégration à la fonction publique des 50 000 agents non statutaires et l’embauche de 100 000 personnels supplémentaires
-  Pas de salaires en dessous de 1700 euros net, augmentation de 300 euros pour toutes et tous
-  Financement pour tous les doctorants pendant toute la durée de la thèse : augmentation du nombre de financements et octroi, excepté pour celles et ceux qui sont déjà insérés et ne souhaitent pas rejoindre l’ESR, d’un statut de fonctionnaire stagiaire, sans cloisonnement des carrières (ingénieur, administratif, enseignant, chercheur...)
-  Pour une véritable politique d’amélioration de leurs conditions de travail, d’hygiène et de sécurité.
Pour les étudiants 
-  Allocation d’autonomie au niveau du SMIC
-  Construction massive de résidence pour un logement étudiant décent pour toutes et tous
-  Maintien du cadre national des diplômes, reconnaissance de ces diplômes dans les conventions collectives
-  Des papiers pour tous les étudiants : carte d’étudiant = carte de séjour
Pour toutes et tous, une véritable politique de prévention et de prise en compte des violences et des souffrances subies (stress, mal-être, agressions, harcèlement) . Dans le cadre d’un service public de la petite enfance dont le NPA propose la création, nous revendiquons la création de crèches pour des universités, gratuites et accessibles à tous sans sélection
Pour la recherche 
-  Financement récurrent des équipes permettant de mettre en place une recherche dans la durée. Suppression du crédit-impôt-recherche.
-  Retrait de la RGPP et des « plans d’action » qui la mettent en place dans les organismes de recherche
-  Financement sur projet pour les nouvelles pistes ou thématiques, pour les nouvelles collaborations et les jeunes chercheurs
Pour la démocratie et la liberté d’expression 
-  Contre la censure des débats par les présidents d’université (notamment sur la question de la Palestine)
-  Contre la présence du patronat dans les conseils d’administration, pour des conseils élus uniquement par les personnels et les étudiants
-  Pour la liberté de recherche, d’expression et la mise de moyens à disposition (salles, panneaux d’affichages…)
L’application d’un tel programme ne viendra pas d’en haut. Seuls les personnels du secteur, de toutes les catégories, en lien avec les étudiants, pourront l’imposer. Avant, pendant et après l’élection, les militants du NPA, œuvreront à la construction et à la convergence des mobilisations afin d’en finir avec ces contre-réformes et pour le développement d’un service public de l’enseignement supérieur et de la recherche critique, populaire et émancipateur.
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En matière de politique universitaire comme dans tous les autres domaines, nous pensons que la priorité est de s’opposer radicalement aux mesures délétères du gouvernement Sarkozy et de créer un front unitaire de mobilisation contre sa politique, à commencer par la loi LRU, la mise en concurrence des universités entre elles, la suppression de postes de titulaires, la remise en cause du statut des fonctionnaires, le démantèlement du CNRS au profit de l’ANR et la précarisation croissante de jeunes chercheurs, des enseignants comme du personnel des bibliothèques, des services et des administratifs (BIATOSS et ITA)
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1. QUESTIONS SUR LA POLITIQUE DE REGROUPEMENT ET DE FUSION DES ÉTABLISSEMENTS
Les régions doivent-elles accompagner, voire favoriser la constitution des pôles universitaires, laissant aux établissements qui n’en font pas partie un enseignement coupé de la recherche ? Quelles mesures envisager pour lutter contre les dérives de l’inégalité territoriale alimentée et renforcée par le plan Campus, le plan de relance et le Grand Emprunt ?
Le NPA partage le constat dressé par SLU de la logique à l’œuvre dans le regroupement des universités. Cette politique accroit la concurrence entre quelques grands pôles et désertifie le reste de territoire, privant d’accès à l’Université une bonne partie de la population. Elle accompagne et renforce la construction d’un marché européen de l’enseignement supérieur et de la recherche, initiée par les accords de Bologne et Lisbonne.
Aux effets dévastateurs de la concentration des moyens s’ajoutent des attaques profondes au service public. La construction de ces grands pôles est en effet utilisée comme une occasion pour développer les partenariats public-privé, et d’impliquer les régions dans leur financement. Si l’essentiel des moyens de l’enseignement supérieur provient de l’état, les régions sont entrées dans la logique de concurrence mises en place par la constitution des pôles. Les grands groupes industriels et les établissements privés d’enseignement supérieur reçoivent ainsi de fortes subventions, sous la forme d’aide à la recherche par exemple, comme l’explique par exemple notre camarade Myriam Combet, Conseillère régionale NPA sortante du Rhône Alpes, dans sa réponse à votre questionnaire. Les conseils régionaux socialistes accompagnent alors la libéralisation de notre secteur et entrent en compétition les uns avec les autres.
La « complémentarité » supposée avec le secteur privé, comme dans la santé, sert de levier à la libéralisation. Les services administratifs et techniques, dont la situation est déjà difficile dans les établissements publics, subissent à cette occasion une pluie d’attaque : sortie de la fonction publique nationale, multiplication des contrats précaires, externalisation de services entiers.
2. QUESTIONS SUR LA POLITIQUE DE FINANCEMENT DE LA RECHERCHE SUR APPEL D’OFFRE
Quelle contribution les régions peuvent-elles apporter au développement du financement pérenne des structures de recherche ? Comment les régions comptent-elles réagir au développement, souhaité par le Ministère, des fondations universitaires ?
L’essentiel des financements de la recherche et des universités provenant de l’Etat et c’est donc à ce niveau que doivent être exigés des moyens à la hauteur de besoins. Pour mener à bien des projets de recherche, les équipes ont besoin de moyens sur la durée, mais aussi de personnels sur contrat statutaire, pour constituer des collectifs de travail experts de leur sujet disposant des équipements nécessaires.
Comme nous l’avons expliqué à propos des pôles d’excellence et comme le constate SLU, les conseils régionaux sortants ont principalement accompagné ce mouvement, apportant leur part de financement court et de contrats précaires.
A nouveau, le développement des fondations souhaité par le ministère participe de la logique de libéralisation de notre secteur, sur le modèle des établissements anglo-saxons. En plus de rappeler notre opposition de fond à cette logique, nous soulignerons simplement ici l’absurdité d’un système qui lie son fonctionnement aux résultats de ces placements financiers, absurdité manifeste en cette période de crise. Comme l’a fait notre camarade Myriam Combet dans la mandature précédente, nos élus s’opposeront aux subventions à ce type de structure comme aux établissements privés.
3. QUESTIONS SUR LA POLITIQUE DE PROFESSIONALISATION DES ETUDES
Comment les régions peuvent-elles s’engager à garantir cette nécessaire articulation entre formation et professionnalisation, entre formation disciplinaire et formation professionnelle ?
Pour justifier les politiques d’adaptation de l’éducation aux besoins des patrons, les capitalistes prétendent que l’université n’est pas adaptée aux exigences du monde du travail et qu’elle est responsable du chômage. Pourtant, plus un jeune fait de longues études, plus il est qualifié, moins il a de chances d’être touché par le chômage. (17% de chômage pour les diplômés du supérieur, 22% avec un CAP ou un BEP, 42% pour les non-diplômés, source INSEE Enquête emploi 2003). L’objectif de la professionnalisation et des réformes de l’éducation n’est donc pas de diminuer le chômage.
Professionnalisation, déqualification, pièges à c... ! 
Dès 2002, la mise en place sous le Gouvernement de Gauche plurielle des Licences professionnelles et de la Réforme LMD a posé les premières pierres du vaste mouvement de déqualification des diplômes et de professionnalisation des études. Avec la LRU l’éducation à plusieurs vitesses devient la norme. Pour les élites, des pôles ultra compétitifs et concurrentiels. Pour les classes populaires, des collèges universitaires n’offrant que des Licences hyper-professionalisantes n’ayant aucune valeur à moyen terme sur le marché du travail.
Le gouvernement s’attaque aux protections collectives et individualise les diplômes pour laisser chaque futur salarié négocier en tête à tête avec son patron. La précarité n’est plus simplement le quotidien des étudiants, c’est alors aussi leur seule perspective d’avenir. Si on aurait pu se réjouir à première vue de la reconnaissance du niveau Bac + 5 de la formation des enseignants, la masterisation que tente d’imposer le gouvernement est en réalité une nouvelle attaque contre la valeur des diplômes, qui fera passer à moyen terme le niveau de qualification standard de Bac + 3 à Bac + 5. En effet, on imagine mal par exemple un avocat moins formé qu’un enseignant, et donc les concours du barreau rester à Bac + 4.
On se dirige vers une université coupée en deux, où une majorité des formations seront déconnectées de la recherche, où les formations ne seront pas dispensées par des enseignants chercheurs mais des intervenants issus du secteur privé. Seule une minorité des établissements d’enseignement supérieur dispensera des formations de qualité liées à des laboratoires de recherche et des écoles doctorales.
Nous faisons face à un projet qui vise à soumettre l’enseignement et la recherche aux critères de rentabilité. La réforme de l’allocation des moyens aux universités va jusqu’à modifier l’attribution des faibles ressources publiques qui subsistent pour que celle ci se fasse en fonction des résultats en matière d’insertion professionnelle. L’autre grand objectif est de précariser la main-d’œuvre à l’entrée dans le monde du travail, en formant des futurs travailleurs déqualifiés, c’est-à-dire moins chers.
Porter un projet alternatif 
Face à la précarité et aux réformes libérales, nous devons opposer un projet global, solidaire et sans concession. L’objectif de l’enseignement à l’Université est double : d’un côté l’acquisition de connaissances générales, la maîtrise d’une discipline, la construction d’une vision globale du monde et d’un esprit critique ; de l’autre la préparation à l’insertion professionnelle, c’est-à-dire la formation à un emploi durable, en donnant aux étudiants de vraies qualifications reconnues dans les conventions collectives et des outils pour se défendre sur le marché du travail.
Pour que les diplômes aient une valeur reconnue partout dans la société, il faut remettre en œuvre un cadre national, et même européen, des diplômes. Il faut défendre une logique d’acquisition de connaissances plutôt que d’accumulation de compétences, qui constituent des savoir-faire parcellaires validés par l’entreprise mais liés uniquement à l’exercice d’un poste de travail. Sur le marché du travail, il faut également que l’ensemble des diplômes aboutisse à des grades reconnus au même niveau dans les conventions collectives. Non seulement un master de psychologie et de physique doivent être équivalents, mais les diplômes doivent être reconnus en fonction de leur niveau de qualification et non de la durée de la formation (écoles d’infirmières, conservatoires, etc.).
4. QUESTION SUR LA POLITIQUE DE GOUVERNEMENT DES UNIVERSITES
Lorsque des décisions importantes sont en jeu, les conseils régionaux acceptent-ils d’organiser en leur sein des délibérations où les enjeux sont posés, et de demander à leurs représentants de suivre l’avis de l’assemblée ?
Le NPA a condamné et s’est battu contre l’introduction de ce nouveau « mode de gouvernance » des universités qui découle de la loi LRU. L’ouverture à des personnalités extérieures, non issues des élections des membres de la « communauté universitaire » et nommées par le président, est un recul démocratique important.
C’est sans illusion que nous avons observé les choix effectués par les équipes socialistes (et leurs alliés) sortantes qui ont accompagné les réformes gouvernementales. Parfois, ils y ont mis du zèle en militant pour que les représentants extérieurs puissent avoir le plus de poids possible. Ils ont aussi pesé pour que les établissements entrent dans les PRES, superstructures opaques et mandarinales en termes de fonctionnement et de représentation et qui s’inscrivent dans la politique universitaire du gouvernement. Ils ont aussi fait dépendre leurs subventions du degré d’intégration des universités dans des projets de mise en concurrence des établissements et de soumissions aux impératifs du patronat, qui caractérisent la politique menée aux niveaux national et européen dans le sillage du processus de Bologne.
Les choix concernant l’université et la recherche doivent êtres contrôlés par les principaux intéressés (travailleurs du secteur et étudiants) et ce contrôle doit être élargi et plus transparent. Oui nous voulons l’autonomie, mais une autonomie exactement opposée à celle du gouvernement. Une autonomie vis-à-vis des intérêts des grands groupes dont les représentants, non élus, n’ont rien à faire dans les conseils, parce que nous refusons que le marché contrôle la production des connaissances et parce que nous savons qu’une partie non négligeable de la recherche doit être complètement libre pour aboutir. Mais nous voulons une université et une recherche ouverte vers la société, prenant en compte les besoins sociaux exprimés démocratiquement. Pour prendre un exemple, favoriser la recherche sur les énergies renouvelables plutôt que sur le nucléaire ou les OGM est une décision politique totalement légitime qui devrait être prise avec l’ensemble de la population.
5. QUESTION SUR LES MENACES PESANT SUR LE STATUT DES PERSONNELS UNIVERSITAIRES
Comment les régions, notamment par le biais de leurs représentants aux conseils d’administration, peuvent-elles veiller à la défense du statut de fonctionnaire d’Etat de la majorité des personnels universitaires ? Comment peuvent-elles lutter contre la précarisation des statuts dans l’enseignement supérieur et la recherche ?
La situation des personnels dans les universités et la recherche s’est fortement dégradée suite aux réformes gouvernementales, comme dans l’ensemble des services publics. Les attaques sur les statuts des personnels, l’embauche massive de travailleurs en contrats précaires, l’externalisation de services et à la mise en concurrences des salariés du secteur entre eux ont entraînées des résistances importantes des étudiants (2007) et des personnels (2009).
Clientélisme, mise en concurrence… et précarisation des personnels ! 
La Loi de Responsabilité des universités (LRU) a fortement accru les pouvoirs des Conseils d’Administration (CA) et surtout des présidents d’université sur les carrières. Le président possède ainsi un droit de veto sur les recrutements. Désormais, le CA des universités devenues « autonomes » décidera (sous la contrainte de ces revenus) de la gestion de ces personnels sortis de la fonction publique, ce qui annonce une précarisation massive. En ayant le pouvoir de recruter sur contrat précaire ou sur contrat stable il pourra par ailleurs distinguer ou sanctionner les personnels. Cette « autonomie » des universités se résume ainsi à l’autonomisation des présidents à l’égard de la « communauté universitaire », favorisant l’émergence de systèmes clientélistes et faisant d’eux de véritables chefs d’entreprises.
Les personnels administratifs et techniques (BIATOSS et ITA) subissent l’externalisation de nombreux services (entretien, surveillance, services informatiques…). L’introduction du management s’accompagne d’une concurrence entre services et entre agents pour la répartition des primes à travers les entretiens professionnels et l’instauration d’une rémunération « au mérite » sous la forme d’une prime fonction et résultat (PFR).
Enfin, les thésards et post-doctorants servent de variable d’ajustement dans les laboratoires. Trouver un financement pérenne et décent devient de plus en plus compliqué. Les perspectives d’embauches statutaires s’obscurcissent pour la grande majorité d’entre eux comme l’a montré la récente enquête sur la précarité dans notre secteur.
Lutter pour des embauches et la titularisation des contractuels 
Cette situation est la conséquence de plus d’une décennie d’attaques contre l’enseignement supérieur et la recherche (ESR) publique menée par les gouvernements de droite et de gauche. Le NPA affirme qu’il s’oppose fermement à cette logique mortifère et se bat pour une université et une recherche émancipatrices et indépendantes des intérêts privés. La précarisation et la casse des statuts ne sont que la conséquence de la politique du gouvernement aux ordres du MEDEF.
Conclusion 
On le voit, les différents thèmes abordés dans ce questionnaire sont étroitement liés et découlent des contre réformes imposées par les gouvernements successifs depuis le lancement du processus de Bologne en 1999.
Comment résister et imposer une autre vision de l’université et de la recherche ? Nous ne pensons pas que ce sont les élus du conseil régional (aussi bien intentionnés soient-ils) qui pourront mettre à mal les politiques du gouvernement. Les élus du NPA, ne seront qu’un relais des nécessaires mobilisations des personnels de l’ESR, précaires et statutaires, seuls à même d’imposer une amélioration de leur condition de travail.
Le mouvement de 2009 a montré que les personnels ne sont pas résignés et qu’ils sont capables de se doter de moyens de lutte à l’échelle nationale. Les contacts et habitudes militantes acquises l’an dernier seront des atouts dans les luttes à venir. Mais nous avons aussi appris que l’on ne peut gagner à partir de notre secteur seul, ni compter sur les directions syndicales pour étendre nos luttes. L’an dernier, les enseignants du primaire et du secondaire nous ont manqué dans le rapport de force face au gouvernement. Cette année, ils semblent reprendre nos mots d’ordre, contre la précarité et la masterisation par exemple. A notre tour de nous joindre à eux !
Les militants du NPA continueront à se battre, dans l’unité, afin d’imposer un programme d’urgence pour l’université et la recherche
-  Abrogation des contre-réformes : LRU et pacte pour la recherche, LMD, Contrat Doctoral Unique et Masterisation ;
-  Dissolution des agences de mise en concurrence : ANR et AERES  ;
-  Sortie du processus de Bologne et de la stratégie de Lisbonne.
Statut des personnels
-  Un plan de titularisation massive de tous les précaires dans la fonction publique ;
-  Pas de salaire en dessous de 1 500 euros net, augmentation de 300 euros pour tous ;
-  Embauche dès le début de la thèse, avec un statut de fonctionnaire, sans cloisonnement des carrières (ingénieur, administratif, enseignent, chercheur...) ;
-  Un financement pour tous les doctorants : augmentation du nombre de financements de thèses.
Statut des étudiants 
- Allocation d’autonomie au niveau du SMIC  ;
- Construction massive de résidence pour un logement étudiant décent pour tous ;
- Maintien du cadre national des diplômes, reconnaissance de ces diplômes dans les conventions collectives ;
-  Des papiers pour tous les étudiants : carte d’étudiant = carte de séjour ;
-  Mise en place de crèches pour les personnels et les étudiants sur les universités. Recherche
-  Financement récurent des équipes permettant de mettre en place une recherche dans la durée ;
-  Financement sur projet pour les nouvelles pistes ou thématiques, pour les nouvelles collaborations et les jeunes chercheurs ;
-  Constitution d’un grand service public de l’enseignement supérieur et de la recherche.
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  • Réponses du NPA au mensuel du SNESUP
1/ Envisagez-vous l’abrogation de la loi LRU ? Par quelles mesures immédiates et à plus long terme, engagez-vous un changement de cap garantissant un fonctionnement des établissements fondé sur une collégialité démocratique et assurant aux universités et laboratoires des financements d’Etat stables et pérennes?
Oui. Trois rappels élémentaires : la loi LRU fut d’emblée présentée comme reforme « phare » du quinquennat ; elle a fait l’objet de contestations massives et sans précédent, traitées par la coercition et le mépris ; elle prolonge une attaque contre l’ensemble des services publics. Son abrogation a donc vocation à être un marqueur décisif dans les débats de la campagne présidentielle.
Des mesures d’urgence doivent viser à constituer une représentation démocratique des personnels et des étudiants dans les assemblées, les uns et les autres devant pouvoir disposer du temps nécessaire à la délibération de choix de moyen et de long terme. Cette exigence minimale passe par l’arrêt de la logique de mise en concurrence des établissements ; de la logique de financement par « projets » (de court terme, particulariste) et le retour à un principe de financements récurrents ; des logiques d’individualisation (au nom de « l’évaluation »), porte ouverte à tous les arbitraires.
2) Pour rompre avec le processus inégalitaire actuel des Idex, Labex,..., quelles mesures institutionnelles et quels moyens budgétaires (y compris en emplois) comptez-vous mettre en œuvre, dès la prochaine rentrée, pour assurer un développement équilibré sur l’ensemble du territoire du service public d’enseignement supérieur et de recherche ? Quels sont les objectifs qui seront assignés à ce service public ?
Côté emploi, les mesures d’urgence nécessaires disposent d’au moins trois critères : (i) l’emploi précaire déjà existant, (ii) les volumes d’heures supplémentaires effectués chaque année, et (iii) les déficits en postes administratifs déjà recensés par les rectorats eux-mêmes. Le gigantisme et l’irrationalité du gaspillage sarkozyste, entre dépenses fiscales aussi massives qu’improductives (à travers le Crédit Impôt Recherche, par exemple) et multiplicité de coûts cachés des fausses économies sur l’emploi titulaire dans la FP, servent le chantage de la dette publique. Ils montrent néanmoins qu’une vraie discipline est possible, la question centrale restant celle des priorités.
L’université est le cœur de la production et de la circulation de savoirs, indépendantes des injonctions économiques et politiques ; elle doit servir l’élévation générale du niveau de culture scientifique (au sens large) condition décisive du développement social, de l’émancipation et du pluralisme.
3/ Comptez-vous abroger la "réforme" de la formation des enseignants ? Quelles mesures pensez-vous prendre pour engager, dès la rentrée 2012, une tout autre réforme associant une véritable formation professionnelle à une formation universitaire en s’appuyant sur le potentiel des IUFM et des UFR ?
Un ensemble de mesures immédiates doit comprendre la suppression du dispositif Darcos-Pécresse ; le rétablissement immédiat de l’année de stage et du salaire de début de carrière ; la réaffirmation des formations disciplinaires et de la formation à la recherche universitaire ; la titularisation / formation des précaires ; un plan pluriannuel de recrutement tenant compte des dynamiques démographiques, du nombre maximal souhaitable d’élèves par classe ; du temps de formation à dégager pour les précaires titularisés.
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Les résultats des élèves ne progressent pas comme ils devraient le faire en partie en raison des conditions de vie et de travail de leurs familles qui se dégradent considérablement ces dernières années. Flexibilité des horaires des parents (jusqu’à l’ouverture des magasins le dimanche, au mépris des besoins des enfants des vendeurs et des caissières), accès dégradé à la santé, équilibre alimentaire et alternance veille sommeil dégradée par de mauvaises conditions de logement,.. une part des difficultés de l’école doivent trouver des solutions sociales qui dépassent les ressources pédagogiques.
Par ailleurs, l’école peine effectivement à remplir la mission qui lui est assignée de transmettre des savoirs et d’émanciper la pensée de l’ensemble de la génération qui nous suit, afin de lui permettre de prendre en charge un monde de plus en plus complexe. Là encore, alors que l’école publique avait progressé pendant presque un siècle, allant d’une scolarité jusqu’à 12 ans seulement, à 80 % d’une génération au bac, tout le monde peut constater la régression à l’œuvre avec la RGPP. Le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux, la pseudo "masterisation", l’abandon de la formation initiale, les regroupements d’école, le bourrage des classes et la suppression des CMPP et des RASED, la glorification de l’école privée ... toutes les "réformes" ne sont que des attaques contre les conditions de travail des élèves et des enseignants des écoles publiques.
Pour finir, nous ne pensons pas que l’école publique est dans l’incapacité structurelle d’accompagner les progrès de tous les enfants, au contraire, il ne s’agit plus de détruire, mais de consolider, de renforcer, en clarifiant le but de l’école fondamentale. Pour nous, tous les enfants doivent apprendre ensemble à comprendre le monde, sans filière ni orientation, jusqu’à 18 ans, et c’est cela le socle commun. Il faut sans doute réfléchir au mode d’organisation qui ne peut être pensé comme une succession de disciplines intangibles et de cours magistraux.
Puis l’école doit assurer une formation professionnelle à tous et toutes, à la mesure des besoins. Nous défendons une école strictement publique et laïque, et refusons toute subvention à l’école privée. Nous défendons l’idée d’équipes pédagogiques et éducatives, qui ne soient pas seulement composées d’enseignants, d’agents territoriaux (ATSEMS, animateurs, ...) mais aussi d’une médecine scolaire, d’un service social scolaire, d’un secrétariat d’école, de RASED comprenant si nécessaire orthophonistes et rééducateurs, afin que tous les enfants trouvent au sein de l’école l’ensemble des soutiens dont ils peuvent avoir besoin et que l’ensemble des enseignants soient centrés sur leurs tâches et non sur tout ce qui n’est plus fait par des services sociaux submergés. Nous n’avons pas la vision d’un directeur qui "pilote" une équipe, et porte à lui seul le projet et les relations avec les partenaires. Au contraire, nous pensons qu’il faut un travail d’équipe (et qu’une part plus importante du temps de travail des enseignants doit être destinée à des réunions hebdomadaires afin de construire des projets ensemble). Pour nous il est indispensable que l’ensemble des personnels soient formés à leurs différents métiers, en formation initiale et continue, et que tous soient titulaires de leurs postes.
Actuellement, le travail de directeur d’école est très incertain et d’une ville à l’autre, les statuts, les situations, les tâches varient considérablement. Il faut absolument que les tâches soient définies, comme pour tout contrat de travail, on ne peut pas demander du "bénévolat" du matin au soir : l’ensemble des directeurs d’école sont épuisés d’avoir classe, secrétariat, responsabilités, papiers, courriels, rendez vous, décisions, à un rythme qui ne permet pas de partager quoi que ce soit. La place de la direction d’école, entre la collectivité territoriale, l’Etat, l’équipe enseignante et les personnels divers est fréquemment intenable. Mais nous sommes opposés au statut d’établissement, comme à une direction d’école qui serait un statut différent de celui des enseignants.
La grève de 1983 contre les "maîtres directeurs" a montré combien les équipes sont attachées à la collégialité. La vieille revendication de 6 maîtres pour 5 classes, et de 3 heures de concertation par semaine sur le temps de travail va dans le bon sens.
Pour finir, il est évident que les conditions de vie et de travail peuvent être très différentes d’une école à l’autre et que le mille feuille actuel ZEP, RAR, zone violence, primes diverses... ne correspond en rien aux besoins réels des équipes qui n’ont pas été sollicitées pour exprimer leurs besoins. Aucune réforme profonde allant dans le sens du progrès social ne pourra être faite sans partir de la parole des personnels, des parents d’élèves, des élèves, dans un cadre démocratique.
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Abandonnerez-vous l’ensemble des fichiers mis en place par l’Education Nationale (Base Elèves, BNIE, Sconet, Affelnet, Admission post-bac, …) et l’immatriculation des enfants par l’attribution d’un numéro identifiant national (INE) ?
Ferez-vous en sorte que les informations nominatives ne sortent pas des établissements scolaires, garantissant ainsi une réelle protection des données, le droit à l’oubli prévu par la loi Informatique et Libertés et la préservation du lien de confiance entre les familles et l’école ?
Pour le NPA, l’ensemble des fichiers informatiques et nominatifs tels que BE, BNIE, Sconet, Affelnet, Admission post-bac…) sont liberticides.
Les données personnelles des familles et des informations concernant les enfants et leurs résultats ne doivent pas sortir des établissements ou des écoles sauf pour être remises aux élèves et à leurs parents lorsqu’ils sont mineurs. Ces données doivent être contrôlables par les familles et détruites au moment du départ de l’enfant vers un autre établissement.
Nous refusons tout fichage de l’enfance, nous nous opposons à toute compilation publique ou numérisation des « performances », des « capacités » ou des « compétences » d’un être humain. Apprendre c’est essayer, se tromper, recommencer, dans un cadre bienveillant qui permet des chemins différents. Nous défendons l’acquisition de tous les savoirs disponibles, par tous les êtres humains en défendant les conditions d’apprentissage adaptées à chacun.
Les savoirs ne sauraient être réduits aux « compétences nécessaires à l’employabilité ».
Nous exigeons le maintien des évaluations des enfants et des jeunes dans l’espace de la relation entre l’enseignant, l’élève et ses parents.
Supprimerez-vous le Livret Personnel de Compétences et tout dispositif numérique permettant une traçabilité des résultats et des parcours scolaires ?
Mettrez-vous en œuvre une révision de la Loi Informatique et Libertés dans le sens d’une réelle protection de la vie privée, notamment celle des enfants, et redonnerez-vous à la CNIL les moyens d’appliquer une politique respectueuse des principes qui étaient à l’origine de sa création ?
En 2005, la réforme « Fillon » débouche sur une loi dite « du socle commun de connaissances et de compétences ». Ce « socle » se décline depuis trois ans sous forme d’un livret personnel de compétences (LPC). Ce document informatisé trace l’individu tout au long de sa scolarité jusqu’à son insertion dans la vie active. Ce livret, où chaque compétence, validée ou non, doit être datée, enferme l’enfant « dans un destin imposé par le regard des autres Il est une atteinte à (…) la possibilité de devenir autre. » (Albert Jacquard, Mon utopie, 2006). Enfin, la circulation informatique de ces livrets entre le primaire, le secondaire, l’Université et jusqu’à Pôle Emploi rompt avec les principes de séparation entre vie publique et vie privée, distinction entre employabilité et éducation, non discrimination et liberté pédagogique.
En célébrant la culture de l’évaluation individuelle et du mérite personnel, l’institution effectue un contrôle permanent et une mise aux normes drastique de l’enfance. Les évaluations nationales sont autant un moyen de trier des milliers d’élèves que de contrôler le travail en classe des enseignants et donc d’avancer sur la prime au mérite. C’est la destruction des repères collectifs puisque les jeunes, lors de leur orientation ou de leur entrée dans la vie active, seront alors considérés comme seul(e)s responsables d’un échec : ils n’auront pas acquis les bonnes compétences ! Ainsi la responsabilité de la société qui ne fournit pas de travail est moins lisible.
Êtes-vous disposé à considérer, dans toute chose le concernant, l’intérêt supérieur de l’enfant et à écarter tout dispositif qui lui porte atteinte, comme l’impose la ratification par la France de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant ?
L’école n’a de sens que si tous et toutes les élèves parviennent réellement à la maîtrise des objets de culture, débarrassés d’une culture de classe ou de caste ou encore sexuée. Dans notre société non démocratique divisée en classes sociales, l’école ne peut à elle seule changer la société mais le niveau acquis par l’ensemble de la population permet les combats qui atténuent les divisions et les discriminations sociales.
Les formations dispensées dans le cycle commun jusqu’à 18 ans doivent être polyvalentes : associer formation générale et formation technique pour tous et toutes Nous ne voulons pas d’un monde où travail « manuel » et « intellectuel » sont séparés. La manière dont ces connaissances sont acquises par les élèves n’est pas anodine et tout doit être mis en œuvre pour que ces connaissances soient mises en réseau pour comprendre le monde et non une accumulation strictement mémorisée.
Nous ne pensons pas que l’école peut à elle seule changer la société progressivement, ni même qu’elle peut à elle seule permettre aux jeunes d’acquérir tous les savoirs. Il faut des centres d’activités sportives et culturelles, des médiathèques, des colonies de vacances des centres de quartier : tous les acquis de l’éducation populaire doivent être défendus. Les enfants et les jeunes ont besoin de voyages, d’autres contacts avec l’art, d’expériences du monde, d’activités partagées entre pairs.
Nous refusons toute forme d’orientation précoce, toute idée de « dons » pour tel ou tel métier qui imposerait aux uns d’apprendre la philo et jamais la soudure et aux autres l’inverse. Nous nous battons pour une éducation coopérative qui exclut l’individualisme et la compétition et qui se donne pour but l’acquisition de savoirs émancipateurs et d’une éthique qui inclut le respect des personnes, le rejet des discriminations, et le respect de la planète.
Lèverez-vous toutes les sanctions prises à l’encontre des directeurs d’écoles qui ont refusé d’enregistrer des enfants dans Base Elèves, que ce soit pour s’opposer à ces dispositifs de fichage conformément à la Convention Internationale des Droits de l’Enfant ou pour respecter le droit d’opposition des parents rétabli par l’arrêt du Conseil d’Etat du 19 juillet 2010 ? Ferez-vous en sorte que plus un seul enseignant ne soit sanctionné à l’avenir pour avoir refusé de ficher ses élèves ?
Depuis trois ans, nombreux sont ceux et celles qui ont refusé d’appliquer des dispositifs inacceptables comme Base élèves, les évaluations nationales, l’aide personnalisée...
Certain-es d’entre eux et elles ont subi des sanctions aussi bien financières qu’administratives. D’autres formes de répression ont été appliquées : retrait de fonction, abaissement de la note pédagogique...
Les camarades du NPA font partie de l’ensemble de ces combats, nous le partageons et nous saluons l’engagement militant et le courage des enseignants qui ont tenu bon, défendant leur éthique et le sort des enfants malgré les sanctions et les difficultés organisées par l’administration. Le cadre de travail du fonctionnaire d’Etat prévoit la possibilité de ne pas obéir aux ordres injustes. Il y a donc abus de pouvoir de la part de la haute administration. Nous exigeons la levée de l’ensemble des sanctions et exigeons un rattrapage des pertes financières qu’elles ont entraînées.
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Nous aimerions tout d’abord vous dire que nous soutenons les luttes menées par votre collectif, comme nous soutenons les luttes qui sont menées par les différents collectifs locaux.
Cette année, nous dénonçons les 14 000 nouvelles suppressions de postes qui viennent s’ajouter aux 100 000 depuis 2005. Cela signifie la fin totale des RASED qui aident les élèves en difficulté, ainsi que des moyens de remplacement dans le 1er degré, ceci afin que soit embauché des enseignants vacataires, ce que nous contestons.
Dans le cadre de la carte scolaire, nous avons manifesté avec les parents d’élèves et les enseignants contre les fermetures de postes quels qu’ils soient (remplaçants ; personnels des RASED ; psychologues scolaires…) et avons exigé qu’aucune fermeture de poste n’ait lieu, comme nous exigeons la restitution des 100 000 postes supprimés depuis 2005. L’aide apportée par les enseignant-es spécialisé-es est nécessaire, et nous revendiquons un nombre d’enseignant-es spécialisé-es à la hauteur des besoins.
Cependant, la difficulté et l’échec scolaire sont des problèmes de fond qui nécessitent aussi des réponses à plus long terme pour en finir avec celui-ci. C’est pourquoi nous joignons à cette lettre, quelques unes de nos mesures d’urgence concernant l’Education nationale et notamment les élèves en difficulté scolaire.
Depuis plusieurs années, l’enseignement public est la cible d’une série ininterrompue de coups. Malgré la résistance des personnels, des usagers, des parents, des lycéens et des étudiants, qui s’est manifestée à de maintes reprises, faute d’une stratégie syndicale visant à centraliser et à diriger les luttes contre le gouvernement, les contre-réformes se sont mises en place progressivement. Aujourd’hui, l’enseignement public est déjà bien dégradé par les décisions prises par le gouvernement Sarkozy.
Dans la pratique, les 100 000 suppressions de postes décidées depuis 2005, ont notamment conduit à l’augmentation des effectifs par classe, l’explosion du volume d’heures supplémentaires, la disparition des postes de remplaçants et celle d’enseignants spécialisés (RASED), la suppression d’un temps important d’enseignement pour les élèves, l’embauche de personnels précaires dans tous les corps de métier. Les dispositifs de fichage généralisé des élèves (Base élève, évaluations nationales, livret personnel de compétence) organisent une traçabilité des « performances » dès la maternelle jusqu’à Pôle Emploi. Le blocage des salaires est un coup de plus porté aux personnels.
Le Nouveau Parti Anticapitaliste milite pour que les personnels de l’enseignement public soient en mesure d’infliger une défaite décisive au gouvernement Sarkozy, à l’UMP et à leurs donneurs d’ordre du MEDEF. Pour reprendre l’initiative, discuter tous ensemble de l’école que nous voulons et ouvrir la voie à la satisfaction de nos revendications, pour aller au-delà de la défense de l’école actuelle.
Il faut poursuivre le mouvement de progression du droit à l’éducation
Le système éducatif français est très inégalitaire, entre public et privé, entre « bons » et « mauvais » établissements, système de « dérogations » et de « secteurs scolaires » obscurs. Et les réformes en cours donnent toujours plus à ceux qui avaient déjà beaucoup.
La suppression du collège unique et la contre-réforme du lycée à la carte, même si collèges et lycées sont des lieux de sélection, signent le renoncement explicite à des avancées dans la massification éducative. L’abandon d’une année de maternelle, d’une année de formation en lycée professionnel sont également de graves reculs. La multiplication des « orientations » dès 14 ans, des filières maquillées en options et des parcours imposés avec des classes « au rabais » sont une manière de masquer la sélection organisée par l’Etat pour faire baisser les « coûts ».
- Pour démocratiser l’école, nous refusons toute orientation ou sélection avant 18 ans. Les enfants et les jeunes doivent pouvoir acquérir ensemble une éducation commune avant le choix d’un parcours professionnel quel qu’il soit.
- Nous défendons la possibilité de scolariser les enfants dès 2 ans, dans des maternelles à petits effectifs, nous défendons le droit à la scolarité de l’ensemble des jeunes handicapés, avec des personnels formés et titulaires, avec toutes les adaptations nécessaires, nous défendons le droit de tous les jeunes à une culture commune et partagée comprenant l’accès à l’ensemble des disciplines.
- Nous demandons la création d’un service public de la petite enfance, permettant de créer des lieux d’accueil gratuits et diversifiés, avec des salariés formés.
Il faut porter l’exigence d’une culture commune
L’école n’a de sens que si tous et toutes les élèves parviennent réellement à la maîtrise des objets de culture, débarrassés d’une culture de classe ou de caste ou encore sexuée. Dans notre société non démocratique divisée en classes sociales, l’école ne peut à elle seule changer la société mais le niveau acquis par l’ensemble de la population permet les combats qui atténuent les divisions et les discriminations sociales.
Les formations dispensées dans le cycle commun jusqu’à 18 ans doivent être polyvalentes : associer formation générale et formation technique pour tous et toutes. Nous ne voulons pas d’un monde où travail « manuel » et « intellectuel » sont séparés. La manière dont ces connaissances sont acquises par les élèves n’est pas anodine et tout doit être mis en œuvre pour que ces connaissances soient mises en réseau pour comprendre le monde et non une accumulation strictement mémorisée.
Nous ne pensons pas que l’école peut à elle seule changer la société progressivement, ni même qu’elle peut à elle seule permettre aux jeunes d’acquérir tous les savoirs. Il faut des centres d’activités sportives et culturelles, des médiathèques, des colonies de vacances des centres de quartiers : tous les acquis de l’éducation populaire doivent être défendus. Les enfants et les jeunes ont besoin de voyages, d’autres contacts avec l’art, d’expériences du monde, d’activités partagées entre pairs.
- Nous refusons toute forme d’orientation précoce, toute idée de « dons » pour tel ou tel métier qui imposerait aux uns d’apprendre la philo et jamais la soudure et aux autres l’inverse.
- Nous nous battons pour une éducation coopérative qui exclut l’individualisme et la compétition et qui se donne pour but l’acquisition de savoirs émancipateurs et d’une éthique qui inclut le respect des personnes, le rejet des discriminations, et le respect de la planète.
- Nous refusons les notes et les classements : lutter contre les livrets de compétences ne signifie pas qu’il faille accepter l’ancien système de compétition chiffrée.
Pour en finir avec les difficultés et les échecs scolaires
L’échec ou les difficultés scolaires touchent en très grande majorité des jeunes des milieux populaires. Dans le système actuel, les « aptitudes » et le « mérite » de chacun-e sont mis en avant pour masquer la réalité sociale de l’échec et de la difficulté scolaire. Pour nous l’école ne se divise pas entre la « réussite » de quelques uns et « l’échec » des autres, dans le système actuel où l’élève et sa famille sont tenus pour responsables de celui-ci (Aide Personnalisée…).
C’est d’abord dans le cadre d’un projet général d’émancipation sociale qu’il est possible pour l’école de s’adapter à la diversité des progrès des élèves, sans que cela ne soit le masque démagogique d’un abaissement du niveau de la formation.
Sans cela, « l’égalité des chances » est un mythe fait pour exonérer la société actuelle de sa responsabilité dans les carences du système éducatif et les faire retomber sur les individus.
- Nous refusons que l’école soit une « chance » qui permette à quelques uns de « s ‘en sortir ». Pour nous l’école est un droit qui fait que chaque jeune peut acquérir des savoirs réels, lui permettant de comprendre le monde, de réfléchir à ce qu’il faut faire, et de trouver son autonomie par une formation professionnelle, à l’issue de ce parcours de formation partagé.
- Pour en finir avec l’échec social de l’école qui met en difficulté les jeunes des milieux populaires, il faut d’abord des mesures sociales qui améliorent la vie de tous : droit au logement décent, droit au travail pour leurs parents, droit aux soins gratuits, droits sociaux qui sont le socle nécessaire d’une éducation. Puis il faut en finir avec la hiérarchisation des disciplines, avec l’apprentissage en savoirs morcelés, et les rythmes scolaires qui imposent à tous de marcher d’un même pas. Il faut repenser jusqu’aux locaux scolaires et la taille des établissements. Chaque jeune doit pouvoir être connu et reconnu, et son parcours d’apprentissage doit pouvoir être adapté, sans logique d’échec.
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Tout ne se joue pas avant trois ans ou quatre ans, bien évidemment, mais tout de même beaucoup. Les fondements de l’identité de l’enfant se mettent en place progressivement, essentiellement au cours des quatre premières années de la vie. Les modalités et les conditions d’accueil de la petite enfance importent au plus haut point parce qu’au travers des choix politiques qui sont faits pour les enfants et les parents, notamment ceux des couches populaires, se dessine l’avenir de notre société. Les professionnel-les qui s’occupent des enfants doivent avoir le temps et la formation nécessaire pour encourager l’évolution propre à chaque enfant, réfléchir en commun à la complexité de leur travail.
Mais, les attaques contre les crèches et maternelles, incessantes ces dernières années, plient les modes d’accueil aux contraintes financières et non aux besoins des enfants. C’est une source de souffrance et d’indignation pour les parents, comme pour les professionnel-les de la Petite enfance.
Il manque des centaines de milliers de places d’accueil collectif et les femmes qui ne peuvent payer un accueil privé n’ont d’autre choix que de rester chez elles. Cette exclusion temporaire de la vie sociale rend plus difficile le retour à un emploi, et encore plus à un emploi qualifié. Le manque de places en accueil collectif accentue les inégalités entre hommes et femmes, entre femmes des milieux aisés et celles des classes populaires et agit négativement sur la répartition des taches au sein des couples. Rareté et cherté des modes d’accueil font chuter le taux d’activité des mères. Au contraire, Le développement d’un accueil public gratuit de la petite enfance a des effets immédiats sur la « sortie de pauvreté » des femmes (nombreuses salariées à temps partiel au revenu proche du seuil de pauvreté). Pour les femmes également, elle se traduit par une diminution des ruptures de carrière pénalisantes pour l’emploi, les salaires, et leurs retraites. Les effets d’un accueil de grande qualité des tout-petits sont bénéfiques pour l’avenir, notamment sur les résultats scolaires. C’est tout particulièrement le cas pour les catégories populaires et les enfants issus de l’immigration.
Les propositions développées dans votre plan d’urgence constituent un socle indispensable d’analyse et de propositions pour une autre politique de la Petite Enfance.
Les sept dispositions que vous préconisez sont des revendications essentielles à porter dans le débat politique et les actions du mouvement social nécessaire pour les faire aboutir, quelque soit le résultat des élections. Pour nous ces propositions devraient être mises en œuvre dans le cadre d’un service public gratuit de la petite enfance, financé nationalement et géré localement. C’est le seul moyen de financer les équipements et les formations nécessaires en prenant en compte l’ensemble des besoins et les inégalités de ressources et de moyens des collectivités territoriales. Ce service public permettrait des modes de gardes diversifiés (crèche, halte-garderie, crèches familiales publiques…), avec des professionnel-les qualifié-es reconnus, avec un statut, et pourrait associer les structures associatives laïques à but non lucratif.
Le NPA pour sa part se prononce pour
- de nouvelles normes d’encadrement en accueil collectif : un-e professionnel-le pour 4 enfants, norme déjà dépassée dans certains pays européens
- la création par les régions et l’Etat d’écoles publiques et gratuites pour former les milliers de professionnel-les qualifié-es nécessaires à la création des centaines de milliers de places d’accueil manquantes.
- le rétablissement de l’ensemble des postes supprimés dans l’Education nationale qui mettent fin à la scolarisation des tout petits en Maternelle.
- le droit des parents à une scolarisation en maternelle de leur enfant de deux ans dans des conditions adaptées à cet âge (effectifs réduits, formation des enseignants).
- la remunicipalisation des structures Petite enfance offertes au privé en contradiction avec le bien être des enfants et des salarié-e-s.
- l’amélioration des formations et la reconnaissance les diplômes de tous les professionnels à leur niveau réel dans les statuts et conventions collectives. La création, en 2009, du Collectif unitaire « Pas de bébés à la consigne » regroupant des syndicats, des associations, des mouvements féministes etc. est un atout précieux pour l’avenir. Les rapports de confiance que vous avez construits au sein du collectif et avec les professionnel-les, la qualité de vos propositions et débats, ouvrent la perspective, au-delà des échéances électorales, de continuer les combats (et les débat) que nous partageons dans tous les lieux où nous nous retrouvons.
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  • La maternelle, une Ecole de la réussite
Réponses du NPA au questionnaire de la FCPE
Aujourd’hui, au cœur de l’actualité de l’Education nationale, il y a la suppression des postes par le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite.
L’école maternelle est frappée de plein fouet par ce manque d’enseignant(e)s : l’obligation d’éducation ne touche pas les enfants avant 6 ans. En maternelle, nous assistons à une baisse de la scolarisation des tout-petits et à l’augmentation inquiétante des effectifs.
Cela est contradictoire avec un des rôles piliers de la scolarisation précoce : la socialisation. L’école maternelle est le cadre de la socialisation, pour apprendre à se décentrer, mais aussi, de l’affirmation de soi par le contact avec d’autres, qu’ils soient enfants ou adultes, différents de la famille. C’est aussi le premier cadre d’initiation à la compréhension en dehors de la maison. Pour nous, l’éducation n’est pas qu’une affaire de famille et de reproduction des dominations.
Pour le NPA 

- Il faut rattraper immédiatement les 100 000 postes d’enseignant(e)s perdus depuis 2007.
- Nous sommes pour la scolarisation précoce des enfants mais plus précisément pour la mise en place d’un service public de la petite enfance incluant crèche et maternelle, pouvant ainsi assurer la transition, en fonction du rythme de chaque enfant entre la prise en charge par des éducateurs spécialisés et des puéricultrices et des enseignant(e)s. Nous battons en brèche l’idée que tout est joué à 3 ans et rejetons les dépistages de la délinquance par les évaluations et autres tests en moyenne section. Mais dans le même temps, nous pensons que la possibilité pour tous les enfants d’une scolarisation précoce avec pas plus de 20 en maternelle et 15 en éducation prioritaire est positive en ce sens qu’elle leur offre non pas une éducation qui soit, et sans jugement de valeurs, une reproduction des codes de la famille et du milieu social dont ils sont issus mais au contraire la possibilité d’être pris en charge par d’autres adultes, dont le rôle affectif est subordonné à rôle d’éducateur, de pédagogue dans un cadre d’échanges, de confrontations et de rapports avec ses pairs.
- Nous sommes pour en finir définitivement avec la subvention au privé : l’argent public doit servir aux établissements publics. De plus, nous sommes d’accord avec votre proposition d’une péréquation territoriale fléchée « écoles maternelles » permettant de donner des moyens aux communes en fonction des besoins.
En ce qui concerne la formation complémentaire à la prise en charge des tout-petits, nous pensons que cela passe d’abord par l’abrogation de la « masterisation » et de la réforme de la formation des enseignants qui aboutit aujourd’hui à l’inexistence de formation. – Nous sommes pour la restauration de l’année de formation avec un statut de fonctionnaire stagiaire alternant du temps en institut de formation et du temps de pratique en classe. Dans ce cadre là, la dispense d’un module spécifique pour tous-tes les enseignant(e)s du 1e degré à la prise en charge des tout-petits serait un des points prioritaires à mettre en place puisqu’il n’existait pas de manière sérieuse avant même la réforme « masterisation ».
L’articulation GS/CP existe déjà dans bien des écoles mais tout cela se fait sur la base du volontarisme des enseignant(e)s. Il faut donc dégager du temps institutionnel pour les enseignants de ces deux niveaux, pas seulement lors du dernier trimestre mais tout au long de l’année afin qu’il y ait de réels changes de pratiques entre les enfants de CP et ceux de GS. Remarques pouvant être valable pour des échanges CM2/6e. D’une manière globale, c’est la pratique du travail en cycles qui devrait tout simplement être mis en place à savoir que l’on donne la possibilité aux enfants, à l’intérieur d’un même cycle (la grande section de maternelle faisant partie du cycle 2) d’avancer à leur rythme. Ce projet, puisant dans la pédagogie Freinet, avait été remis au goût du jour par Jospin en 89 sans être significativement suivi des faits car il implique une discussion en profondeur sur la transmission des savoirs et savoir-faire et le regard que l’on pose sur le rôle de l’enseignant et celui des enfants.
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  • Adapter l’école aux rythmes des enfants et des jeunes
La question des rythmes scolaires est instrumentalisée par les gouvernements au service des patrons pour faire passer des réformes qui n’ont rien à voir avec l’intérêt des élèves : réduire le nombre d’heures de cours, transférer des activités scolaires du public vers le privé, augmenter le temps et la charge de travail des enseignants en les faisant travailler pendant les vacances scolaires et en les incitant à coup de primes aux heures supplémentaires… Pour le NPA, l’organisation de la semaine et de l’année scolaire n’est pas seulement une affaire de calendrier, elle doit permettre l’émancipation de la jeunesse, particulièrement celle des classes populaires. Cela suppose de s’adapter au rythme de chaque élève pour améliorer les conditions de formation intellectuelle, culturelle et sportive de tous.
Pour respecter les rythmes scolaires des élèves en même temps que les conditions de travail des personnels d’éducation, il faut rétablir immédiatement les milliers de postes supprimés, notamment ceux des instituteurs spécialisés à l’aide aux élèves en difficultés (RASED), transformer en postes statutaires les milliers d’emplois précaires, et créer autant de postes d’enseignants et de personnels d’éducation, d’intendance et administratifs qu’il est nécessaire pour enfin vivre l’école comme un lieu d’épanouissement épargné du stress, de l’angoisse de l’échec et du productivisme scolaire sélectif et éliminatoire.
Pour le NPA, l’organisation de la semaine et de l’année scolaire doit être discutée au sein d’un débat public et démocratique permettant également de définir ensemble les programmes et les contenus d’une école commune sans sélection ni orientation de 3 à 18 ans. Les rythmes scolaires doivent être définis dans le cadre : 
D’une école émancipatrice et démocratique qui réduit le temps de travail des élèves
Il faut diminuer massivement l’importance du travail lui-même, donc le temps qui lui est consacré, au profit de la valorisation sociale d’autres types d’activités humaines. Par exemple, dans les établissements et dans les écoles il existe une vie qui ne se situe pas dans la classe et il n’y a aucune raison qu’elle soit non-démocratique. Par conséquent, il faut donner la possibilité le plus tôt possible aux jeunes d’autogérer des espaces dans les établissements et les écoles, en fonction de leurs propres nécessités et leur possibilité qui dépend de leur âge. Pour que les rythmes de chaque élève soit respecté, Il faut également repenser les apprentissages scolaires en s’appuyant sur les pédagogies émancipatrices permettant une organisation personnelle de chaque élève et ce quel que soit son âge.
Et celui des enseignants
La mise en place d’une réduction du temps de service des enseignants : 15 heures maximum « devant les élèves ». Le reste du temps de travail étant déjà largement occupé par la préparation des cours, la correction des copies, les rencontres avec les parents, la formation, les tâches pédagogiques, etc.
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  • Gratuité : aller plus loin
Le NPA partage avec la FCPE, l’amer constat des inégalités territoriales en matière d’éducation. La décentralisation et la prise en charges par les communes, les départements et les régions respectivement des écoles, des collèges et des lycées induisent de profondes inégalités entre les élèves selon la richesse et/ou la démographie de l’entité administrative dont leur établissement scolaire dépend. Ces disparités territoriales sont amenées à se creuser d’avantage avec la crise économique et la question de la dette qui frappe également les collectivités territoriales. Des politiques d’austérité sont d’or et déjà menées à tous les échelons et n’épargnent pas les politiques éducatives.
La question de la gratuité de la scolarité est donc plus que jamais d’actualité. Pour le NPA, cette gratuité de la scolarité doit reposer

- Sur la garantie et la prise en charge par l’Etat et les collectivités territoriales de l’entière gratuité de l’éducation, frais de scolarité et matériel pédagogique (fournitures, livres et équipements notamment numériques).
- Sur une réelle péréquation entre les collectivités afin d’en finir avec les inégalités territoriales.
- Sur la prise en charge complète des services périscolaires comme la restauration et la garderie
- Sur la réévaluation des bourses nationales accordées aux familles selon leurs revenus et sur l’élargissement de l’accès à ces bourses.
- Sur l’attribution d’une allocation d’autonomie pour les jeunes de 18 à 25 ans.
- Sur l’arrêt de toutes subventions, ouvertes ou déguisées, aux écoles privées.
Les inégalités scolaires ne peuvent se réduire aux seules questions des moyens et de la gratuité de la scolarité dans la mesure où les pédagogies utilisées dans le système éducatif français reposent sur un certain nombre de pré-requis qui pénalisent les enfants ne possédant pas le capital culturel exigé. Une éducation réellement émancipatrice doit permettre à tous les jeunes de d’accéder à une culture commune et partagée.
Pour le NPA, la gratuité doit donc englober : 

- L’ensemble des activités parascolaires qu’elles soient sportives ou culturelles
- Les sorties et voyages scolaires qui doivent être entièrement à la charge des établissements et non des familles.
- Les transports afin de permettre aux jeunes de se déplacer librement et de s’ouvrir au monde qui les entoure
- La gratuité des colonies de vacances 

Les conditions d’une bonne scolarité ne peuvent également se limiter au seul cadre de l’institution scolaire, mais relèvent également de l’environnement social et familial de l’élève. Pour en finir avec l’échec social de l’école qui met en difficulté les jeunes des milieux populaires, il faut aussi des mesures sociales qui améliorent la vie de tous : droit au logement décent, droit au travail de leurs parents, droits aux soins gratuits, en bref des droits sociaux qui sont le socle nécessaire d’une éducation dans des conditions décentes.