Philippe Poutou : Dans la rue dès le 1er Mai. Dégageons Sarkozy, combattons l’extrême droite !

Le 1er Mai, journée de lutte internationale des travailleurs et des travailleuses, se déroulera dans un contexte particulier en France. Celui de l’entre-deux tours de l’élection présidentielle. Cette journée prend une tournure particulière, elle doit être l’occasion d’une mobilisation la plus large possible antiraciste et anti-austérité, contre la droite et l’extrême droite.

Après le premier tour de l’élection présidentielle, les manifestations du 1er Mai viendront rappeler que, si nous voulons virer Sarkozy et sa bande le 6 mai, ce sera bien par nos propres luttes sociales et politiques que nous pourrons réellement changer les choses. Sarkozy et son gouvernement ont mené pendant cinq ans une politique pour leurs amis les riches, une politique de démolition systématique de nos conquêtes sociales en appliquant à la société française le traitement de choc du Medef. Son bilan, c’est plus d’inégalités, plus d’injustices, plus de divisions, moins de libertés et un discours raciste et xénophobe de plus en plus décomplexé. Pendant toutes ces années, il a couru derrière le discours du FN, opérant une mue de la droite extrême à l’extrême droite, et contribuant ainsi à donner du crédit aux idées nauséabondes du FN et de sa candidate Marine Le Pen.

Et le résultat est là : le FN vient de faire avec 18 % le score le plus haut de son histoire, confirmant ainsi que l’original est préféré à la copie. La brutalité des attaques antisociales, les politiques d’austérité et la dégradation des conditions de vie des classes populaires forment un terreau favorable à la démagogie d’extrême droite. La candidate du FN version 2012 a fait mine de défendre les pauvres contre les puissants mais elle s’est gardée d’avancer la moindre mesure qui pourrait gêner les capitalistes. Par contre, elle a flatté tous les préjugés racistes et islamophobes.

Le 1er mai 2012 prend donc une tournure particulière. Celle d’une riposte antiraciste et antifasciste contre la droite. D’autant plus que Marine Le Pen veut aussi en faire une démonstration de force et que Sarkozy vient d’annoncer qu’il organisera « un très grand rassemblement » autour du « vrai travail ». Alors qu’il a déjà fait la campagne, pour le premier tour, à droite toute, sur le terrain de la réaction sociale, sécuritaire, raciste et xénophobe, il récidive pour le deuxième tour. Après avoir attaqué le droit de grève par exemple dans le transport aérien, tapé sur les syndicats qu’il accuse de bloquer la société, il reprend aujourd’hui les accents de Pétain pour soi-disant valoriser le travail.

Le 1er Mai est à nous !

À Paris, comme en régions, les manifestations du 1er Mai doivent montrer que cette journée de lutte internationale des travailleurs et des travailleuses n’est ni à Sarkozy, ni à Le Pen, ni à la droite, ni à l’extrême droite. C’est l’occasion de poser dans la rue les bases d’une contre-offensive du monde du travail, qui devra se prolonger bien après le second tour, quel que soit le « gagnant » le 6 mai prochain. Ce n’est pas l’appel à tous les républicains que fait Hollande, véritable appel du pied à François Bayrou, qui peut stimuler une dynamique réelle capable de battre Sarkozy.

Il faut, comme nous l’avons fait durant la campagne, remettre inlassablement au centre du débat, les questions sociales et démocratiques, les mesures d’urgence comme l’augmentation de tous les revenus de 300 euros net, l’interdiction des licenciements, la réduction du temps de travail pour permettre à tous et toutes de travailler… Bref, le refus clair et net de payer les crises des capitalistes, le refus de toutes les politiques d’austérité de droite comme de gauche.

Et quel meilleur moment pour construire la riposte et focaliser l’attention et la réflexion sur la solidarité internationale, la défense des droits des femmes, les questions sociales, la lutte pour l’emploi, le service public et la répartition égalitaire des richesses que les défilés du 1er Mai, vieille tradition du mouvement ouvrier et des mouvements sociaux ? C’est là un hasard bienvenu du calendrier : avant de passer par les urnes, le 6 mai, c’est dans la rue que débute le vaste référendum populaire contre Sarkozy et Le Pen. Le 1er Mai, toutes et tous dans la rue !