Le 1er Mai, journée de lutte internationale des travailleurs et
des travailleuses, se déroulera dans un contexte particulier en France.
Celui de l’entre-deux tours de l’élection présidentielle. Cette
journée prend une tournure particulière, elle doit être l’occasion
d’une mobilisation la plus large possible antiraciste et
anti-austérité, contre la droite et l’extrême droite.
Après
le premier tour de l’élection présidentielle, les manifestations du
1er Mai viendront rappeler que, si nous voulons virer Sarkozy et sa
bande le 6 mai, ce sera bien par nos propres luttes sociales et
politiques que nous pourrons réellement changer les choses. Sarkozy et
son gouvernement ont mené pendant cinq ans une politique pour leurs
amis les riches, une politique de démolition systématique de nos
conquêtes sociales en appliquant à la société française le traitement de
choc du Medef. Son bilan, c’est plus d’inégalités, plus d’injustices,
plus de divisions, moins de libertés et un discours raciste et
xénophobe de plus en plus décomplexé. Pendant toutes ces années, il a
couru derrière le discours du FN, opérant une mue de la droite extrême à
l’extrême droite, et contribuant ainsi à donner du crédit aux idées
nauséabondes du FN et de sa candidate Marine Le Pen.
Et le résultat est là : le FN vient de faire avec 18 % le score le
plus haut de son histoire, confirmant ainsi que l’original est préféré à
la copie. La brutalité des attaques antisociales, les politiques
d’austérité et la dégradation des conditions de vie des classes
populaires forment un terreau favorable à la démagogie d’extrême
droite. La candidate du FN version 2012 a fait mine de défendre les
pauvres contre les puissants mais elle s’est gardée d’avancer la
moindre mesure qui pourrait gêner les capitalistes. Par contre, elle a
flatté tous les préjugés racistes et islamophobes.
Le 1er mai 2012 prend donc une tournure particulière. Celle d’une
riposte antiraciste et antifasciste contre la droite. D’autant plus que
Marine Le Pen veut aussi en faire une démonstration de force et que
Sarkozy vient d’annoncer qu’il organisera « un très grand
rassemblement » autour du « vrai travail ». Alors qu’il a déjà fait la
campagne, pour le premier tour, à droite toute, sur le terrain de la
réaction sociale, sécuritaire, raciste et xénophobe, il récidive pour le
deuxième tour. Après avoir attaqué le droit de grève par exemple dans
le transport aérien, tapé sur les syndicats qu’il accuse de bloquer la
société, il reprend aujourd’hui les accents de Pétain pour soi-disant
valoriser le travail.
Le 1er Mai est à nous !
À
Paris, comme en régions, les manifestations du 1er Mai doivent montrer
que cette journée de lutte internationale des travailleurs et des
travailleuses n’est ni à Sarkozy, ni à Le Pen, ni à la droite, ni à
l’extrême droite. C’est l’occasion de poser dans la rue les bases d’une
contre-offensive du monde du travail, qui devra se prolonger bien
après le second tour, quel que soit le « gagnant » le 6 mai prochain.
Ce n’est pas l’appel à tous les républicains que fait Hollande,
véritable appel du pied à François Bayrou, qui peut stimuler une
dynamique réelle capable de battre Sarkozy.
Il faut, comme nous l’avons fait durant la campagne, remettre
inlassablement au centre du débat, les questions sociales et
démocratiques, les mesures d’urgence comme l’augmentation de tous les
revenus de 300 euros net, l’interdiction des licenciements, la réduction
du temps de travail pour permettre à tous et toutes de travailler…
Bref, le refus clair et net de payer les crises des capitalistes, le
refus de toutes les politiques d’austérité de droite comme de gauche.
Et quel meilleur moment pour construire la riposte et focaliser
l’attention et la réflexion sur la solidarité internationale, la défense
des droits des femmes, les questions sociales, la lutte pour l’emploi,
le service public et la répartition égalitaire des richesses que les
défilés du 1er Mai, vieille tradition du mouvement ouvrier et des
mouvements sociaux ? C’est là un hasard bienvenu du calendrier : avant
de passer par les urnes, le 6 mai, c’est dans la rue que débute le vaste
référendum populaire contre Sarkozy et Le Pen. Le 1er Mai, toutes et
tous dans la rue !